Résumé :
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"" Ils se prennent le crâne à deux mains et susurrent : " Ouh ! J'adore Bessie Smith ", sans même voir que Bessie Smith est en train de leur chanter : " Tiens, voilà mon cul, mon gros cul noir... " (LeRoi Jones)
"Le blues, davantage que toute autre musique du XXe siècle, reflète et symbolise une véritable lutte, celle du Noir à peine sorti de l'esclavage et à qui la parole, voire l'existence même en tant qu'être humain, est purement déniée par la société dominatrice blanche. Mais par le chant la langue se délie, les mots interdits deviennent métaphore, les références cachées abondent, cruauté et crudité s'enlacent, et la difficile réalité trouve finalement son expression grâce à la musique. C'est cette singulière réalité que traque Talkin' That Talk, à la fois dictionnaire anthologique - avec ses quelque 3 000 mots - et véritable histoire d'une culture qui est finalement devenue dominante. Des black cat bones utilisés pour les filtres vaudous aux soul shakes - ces poignées de main rituelles aux formes multiples nées dans les Églises noires et que l'on retrouve aujourd'hui dans nos banlieues -, des after hours, moment de plaisir des jazzmen après leur set, au yo-yo, dont le va-et-vient rappelle celui de l'amant. Talkin' That Talk étudie dans ses moindres détails l'histoire de ces mots (pour partie passés dans le langage courant) mais aussi celle des personnages du folklore noir (Stagger Lee, le Singe vanneur...). Discours manipulateurs, résistance à la domination, ironie, plaisirs de la chair et de la bonne chère, superstition, discrimination... aucun pan de la réalité quotidienne du Négro-Américain n'échappe à une manipulation intense et perspicace de la langue, que ces pages reflètent avec vivacité. Cet ouvrage a reçu le prix Charles Delaunay en 1993"
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