Résumé :
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La neige enrichissait le ciel défiant et taciturne qui semblait lâcher ses flocons à regret. Et comme il neigeait, comme il neigeait... à vous mettre l'âme sens dessus dessous, à la remplir d'autant de joie que de tristesse. Des caresses, des baisers qui disparaissaient à peine tombés. Des cristaux de glace délicats virevoltaient. Et moi je me récitais une litanie. À quoi bon cette douceur. À quoi pouvait-elle bien servir quand on vivait sans savoir pourquoi ? Toute cette tourmente, toute cette blancheur valsait autour de moi, un manège qui tournait tellement que j'entendais le limonaire, une ritournelle qui flanquait le cafard, une chanson réaliste qui m'appelait par mon nom en me demandant ce que je foutais ici. Des myriades de lumignons tourbillonnaient dans cet hiver qui ne savait pas, qui ne savait plus et se pliait aux contingences de l'éphémère. Je m'emmenais loin, loin de tout ça, loin de moi, loin de ma tête qui se démenait. Ma vie s'éparpillait, elle jouait à la révolution comme un gamin joue à la marelle.
Je me souvenais de ces longues nuits d'hiver languissantes où enfant je regardais tomber la neige bien au chaud dans la cuisine auprès de l'âtre avec la bonne odeur du feu de bois. La chaleur du foyer m'apaisait, le chaud m'enveloppait quand dehors il faisait froid, ce moment où même pauvre je me sentais riche. Il fallait peu de choses à la pauvreté pour qu'elle se pense privilégiée.
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