Résumé :
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La première partie : "Tempête en juin" dépeint ce que fut l'exode : plusieurs familles dont les destins se croisent. Les Péricand, bourgeois bigots et leur armée de domestiques : la mère, qui veut sauver les convenances et son argenterie ; le grand-père dont on oublie la présence mais pas l'héritage ; le fils qui rêve d'en découdre et dont l'héroïsme est inutile ; son frère, curé n'aimant pas les enfants, vite abandonné par Dieu et qui se fait lyncher par ses orphelins. Gabriel Corte, lui, est un écrivain hautain, égoïste, nombriliste, esthète, qui n'aime que ses bibelots, qui doit se colleter, au milieu des carrioles, des blessés et des morts, avec la faim qu'il découvre, la réalité qui l'effraie et la populace qui l'écoeure. Il y a aussi une «poule» en disgrâce. Seuls quelques justes, comme Louise, la petite paysanne qui a quatre gosses et un mari au front, ou les Michaud, modestes employés tremblant pour leur fils, gardent leur innocence au milieu de «bons Français» devenus, à la faveur des événements, voleurs, tricheurs et parfois même assassins. Pendant quinze jours, la moitié du pays cherche l'autre moitié, force les portes pour trouver un toit ou du pain, dit des messes en souvenir de défunts qui ressurgissent parfois en pleine élévation. Des amours improbables se nouent. La seconde partie : est consacrée à l'occupation du village de Bussy. Le premier Allemand arrivé, brute métallisée, devient bientôt bête curieuse, puis évidence quotidienne. Tenu ici à l'écart par une hostilité affichée, il finit par s'imposer là, malgré les interdictions, les pillages et l'ombre portée des deux millions de prisonniers, à force de correction et de galanterie, d'achats surpayés et de bonbons pour les petits. La ruse paysanne finit par reconnaître à l'efficacité teutonne des droits, sans rien céder de sa défiance : "Ils partiront, en attendant faisons-les payer"...
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